On entend parfois dire que s’intéresser à la littérature populaire serait une attitude passéiste, une marque évidente de nostalgie. Non : notre entreprise ressemble à celle des ethnologues qui recueillent les récits et observent les modes de vie de peuplades en voie de disparition. Ce n’est pas de la nostalgie, c’est la vie et la survie d’une culture que nous assurons, tâche d’autant plus fondamentale que nous sommes bien peu nombreux à nous en soucier…

Certains pourraient nous demander si la tâche vaut la peine d’être entreprise. Faut-il consacrer, comme nous l’avons décidé cette fois, un dossier au roman d’espionnage des années 30 ? Faut-il faire sortir de l’oubli ces espions et espionnes qui, dans des récits mal famés, se livrent à des combats dont les enjeux aujourd’hui n’ont plus de sens ? Faut-il perdre son temps à fouiller les fascicules populaires pour y retrouver des récits d’espionnage ? Faut-il s’intéresser à des auteurs aussi marginaux que Jean Bommart, Jean-Toussaint Samat ou Charles Robert-Dumas ? A toutes ces questions, nous répondons : Oui.